Quel drôle de titre !
D’habitude,
on répare sa voiture, son vélo ou sa maison, mais pas les vivants.
Que se
cache-t-il derrière ce titre énigmatique ? Des sensations, des émotions, des oscillations entre la vie et la mort, entre le rire et les larmes ... Un coup de poing en plein coeur.
L’auteur choisit là de nous parler, de façon à la fois
sensible et originale, d’un sujet de société central en France, comme dans d'autres pays du monde : le don
d’organes. Pas de loi, pas de débat, juste une histoire intime qui touche
forcément le lecteur.
Simon, 20 ans, est victime d’un accident de la route.
Le choc est brutal. Le roman nous plonge alors au centre d’un drame familial
immense et intensément triste.
Comment les parents peuvent-ils accepter la mort de
leur fils ? Comment les médecins, qui n’ont pas pu le sauver, vont-ils
leur annoncer la nouvelle ? Comment vont-ils les uns et les autres se
tourner à nouveau vers l’avenir ? Comment penser aux vivants quand on est
face à la mort ?
"Les secondes qui suivent ouvrent un espace entre eux, un espace nu et silencieux, au bord duquel ils se tiennent un long moment. Marianne Limbres commence à faire tournoyer lentement le mot coma dans sa tête tandis que Révol ressaisit la part noire de son travail, le sulfure roule toujours dans la paume de sa main, soleil trouble et solitaire, et rien ne lui a semblé plus violent, plus complexe, que de venir se placer à côté de cette femme afin qu'ils creusent ensemble dans cette zone fragile du langage où se déclare la mort, pour qu'ils y avancent, synchrones."
" La rue est silencieuse elle aussi et monochrome comme le reste du monde. La catastrophe s'est propagée sur les éléments, les lieux, les choses, un fléau, comme si tout se conformait à ce qui avait lieu ce matin, en arrière des falaises, la camionnette peinturlurée écrasée à pleine vitesse comme le poteau et ce jeune type propulsé tête la première sur le pare-brise, comme si le dehors avait absorbé l'impact de l'accident, en avait englouti les répliques, étouffé les dernières vibrations, comme si l'onde de choc avait diminué d'amplitude, étirée, affaiblie jusqu'à devenir une ligne plate, cette simple ligne qui filait dans l'espace se mêler à toutes les autres, rejoignait les milliards de milliards d'autres lignes qui formaient la violence du monde, cette pelote de tristesse et de ruines, et aussi loin que porte le regard, rien, ni touche de lumière, ni éclat de couleur vive, jaune d'or, rouge carmin, ni chanson échappée par une fenêtre ouverte - morceau de rock bondissant ou mélodie dont on reprend le refrain en riant, heureux et vaguement honteux de connaître par coeur les paroles tellement sentimentales - , ni odeur de café, parfum de fleurs ou d'épices, rien, pas un enfant aux joues rouges courant après un ballon ou accroupi menton sur les genoux et suivant des yeux une bille chinoise roulant sur le trottoir, pas un cri, aucune voix humaine s'interpellant ou se murmurant des mots amoureux, aucun pleur de nouveau-né, pas un seul être vivant pris dans la continuité des jours, occupé aux actes simples, insignifiants, d'un matin d'hiver : rien ne vient injurier la détresse de Marianne, qui avance tel un automate, la démarche mécanique et l'allure floue."
Grâce à l'écriture d'orfèvre de Maylis de Kerangal, vous vivrez au rythme des battements du cœur de Simon
pendant 24 heures, dans ce roman où le cœur est plus que jamais symbole de vie, d’amour et de générosité.
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