CANCER, le mot sonne comme une fin et c’est pourtant
le premier mot du roman La Chambre des époux. « Quoi de plus banal qu’un
cancer du sein ? » Eric Reinhardt répétant cette phrase souvent
entendue, explique en fait l’effondrement de sa vie et de son couple à
l’annonce de l’odieuse maladie.
Mais l’écrivain, l’homme, le mari ne veut pas croire à
la fatalité et veut se battre pour sa femme, pour toutes les femmes, pour la
vie…
Alors, il écrit. Il écrit pour faire plaisir à sa
femme qui lui demande de travailler et de se battre en même temps qu’elle… Lui
pour finir un roman, elle pour rester en vie et vaincre la maladie. Il écrit
pour rendre hommage à la beauté et à la force de toutes les femmes malades.
C’est donc une histoire de couple, une histoire
d’amour qui mélange réalité et fiction et parle de l’amour mais aussi de
l’adultère, du rêve et de l’inspiration.
Ce roman est un roman étrange, un roman qui dérange, à
la fois tendre et cruel, à la fois stylé et très cru.
Le lecteur est happé dans un tourbillon qui l’emporte
dans les entrailles de la maladie, de l’amour, de la mort et de l’écriture.
En effet, qui est l’héroïne : Margot ?
Mathilde ? Marie ?
Cette mise en abyme littéraire est une belle réflexion
sur la vie.
*****
Son cancer lui a été annoncé, à la suite d’une
mammographie en décembre 2006. Comme cette tumeur n’avait pas été détectée six
mois plus tôt par le même examen, les médecins ont émis l’hypothèse d’un cancer
à évolution rapide. Le délai nécessaire à l’analyse de la ponction a été ce que
j’ai vécu de plus douloureux de toute mon existence.
Pendant ces quelques jours, pour échapper à l’angoisse de
l’attente, j’allais me réfugier dans mon bureau, où j’écrivais les pages de
Cendrillon consacrées à Margot. Le hasard avait voulu que j’en sois là de mon
roman quand elle m’avait téléphoné pour m’annoncer qu’elle était malade. Ces
mots d’amour qui sortaient du clavier comme des larmes… Ces pages de Cendrillon
sont pour moi comme le sortilège qu’éperdu j’ai lancé avec rage au visage du
cancer.
A mes yeux, Marie était la seule personne autour de la
table à être en vie. Les autres ne l’étaient pas, les autres étaient tous
morts, et ils étaient tous morts de n’avoir pas frôlé la mort, et de n’être pas
revenus à la vie, et de n’avoir jamais compris de l’intérieur ce que cela
signifiait d’être en vie. Etre revenue à la vie avait fait que Marie était
vraiment en vie, vraiment vivante. Non pas seulement en vie mais vivante,
c’est-à-dire en vie dans la vie, et pas morte dans sa vie, et pas assoupie dans
sa vie, comme le sont en réalité la plupart des gens et ce soir-là, lors de ce
dîner, c’était flagrant.
Bonne lecture !
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