Les ministres des affaires étrangères des pays du G7 visitent cette semaine le musée du mémorial de la paix. Les feux de l'actualité convergent une nouvelle fois vers Hiroshima, ville mythique s'il en est, que j'ai découverte personnellement récemment.
Mais un voyage à Hiroshima ne se raconte pas... il se vit. Marguerite Duras l'avait d'ailleurs très bien écrit dans le scénario du célèbre film d'Alain Resnais, Hiroshima mon amour.
De quoi parlent-ils ? Justement de HIROSHIMA.
Elle lui dit qu'elle a tout vu à HIROSHIMA. On voit ce qu'elle a vu. C'est horrible. Cependant que sa voix à lui, négatrice, taxera les images de mensongères et qu'il répètera, impersonnel, insupportable, qu'elle n'a rien vu à Hiroshima.
Leur premier propos sera donc allégorique. Ce sera, en somme, un propose d'opéra. Impossible de parler de HIROSHIMA. Tout ce qu'on peut faire c'est de parler de l'impossibilité de parler de HIROSHIMA. La connaissance de HIROSHIMA étant a priori posée comme un leurre exemplaire de l'esprit.
On marche dans cette ville comme dans l'ombre de l'Histoire...
A Hiroshima, rien n'est ordinaire, chaque fait prend une dimension émotionnelle extraordinaire. Mais là aussi Marguerite Duras le dit mieux que moi :
Histoire banale, histoire qui arrive chaque jour, des milliers de fois. Le Japonais est marié, il a des enfants. La Française l'est aussi et elle a également deux enfants. Ils vivent une aventure d'une nuit.
Mais où ? A HIROSHIMA.
Cette étreinte, si banale, si quotidienne, a lieu dans la ville du monde où elle est le plus difficile à imaginer : HIROSHIMA. Un halo particulier y auréole chaque geste, chaque parole, d'un sens supplémentaire à leur sens littéral.
Quatre fois au musée à Hiroshima. J'ai vu les gens se promener. Les gens se promènent, pensifs, à travers les photographies, les reconstitutions, faute d'autre chose, à travers les photographies, les photographies, les reconstitutions, faute d'autre chose, les explications, faute d'autre chose.
Quatre fois au musée à Hiroshima.
J'ai regardé les gens. J'ai regardé moi-même pensivement, le fer. Le fer brûlé. Le fer brisé, le fer devenu vulnérable comme la chair. J'ai vu des capsules en bouquet : qui y aurait pensé ? Des peux humaines flottantes, survivantes, encore dans la fraîcheur de leurs souffrances. Des pierres. Des pierres brûlées. Des pierres éclatées. Des chevelures anonymes que les femmes de Hiroshima retrouvaient tout entières tombées le matin, au réveil.
Lorsqu'on se promène dans Hiroshima on est habité par l'horreur, mais aussi par une force hors du commun, qui pousse vers la reconstruction de soi, de tout, qui pousse vers l'avenir, vers la paix, vers l'amour.
Les millions de grues de la petite SADAKO nous rappellent d'ailleurs la force de l'amour, du souvenir et de l'espoir.
SADAKO est une fillette née le 7 janvier 1943. Elle avait 2 ans le jour de l'explosion et se trouvait à 2km de là. La plupart de ses voisins furent tués mais elle en sortit indemne et jusqu'en 1954 sa vie parut reprendre un cours normal. Hélas, une leucémie se déclara. Dans l'espoir de guérir, SADAKO s'attela à plier 1000 grues en papier. Dans la tradition japonaise, la personne qui accomplit cette tâche voit son voeu réalisé. SADAKO eut le temps de plier 644 grues avant que sa maladie ne l'emporte le 25 octobre 1954. Son histoire bouleversa les écoliers de sa classe qui terminèrent les 1000 grues et récoltèrent de l'argent pour ériger un monument en sa mémoire. Depuis, tous les ans des enfants du monde entier plient des grues et les envoient à Hiroshima. Ces origamis sont disposés autour de la statue et la grue en papier est devenue un symbole international de la paix.
HI-RO-SHI-MA... il faut fermer les yeux pour se souvenir...HIROSHIMA MON AMOUR ... de la force pour toujours...
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