J’ai eu la chance cette semaine de
présenter ce livre de Thérèse Mourlevat à un public japonais. Comment cette
universitaire, spécialiste de Paul Claudel, parvient à nous faire pénétrer dans
l’intimité de ce grand monsieur relève du miracle.
Paul Claudel n’a jamais eu une
réputation d’écrivain facile et l’étudiante que j’ai été se souvient très bien
de ses textes difficiles d’accès, où personne ne comprenait rien, de ses pièces
sans fin dont la durée faisait de chaque représentation un exploit tant pour les
acteurs que pour les spectateurs !
Le diplomate non plus n’était pas
très affable et c’est souvent un homme sans sourire que nous montrent ses
photos qui semblent officielles même lorsqu’elles ne le sont pas.
Et puis le public a été gêné par les
rumeurs qui ont entouré la fin de la vie de sa sœur Camille, dont le talent est
enfin reconnu aujourd’hui au point de lire dans une célèbre encyclopédie en
ligne « Paul Claudel : membre de l’Académie Française, il est
le frère de Camille Claudel » comme si cette seule mention suffisait à
résumer l’homme et l’artiste. Ironie du sort pour celui qui est sans doute à
l’origine de l’internement psychiatrique de Camille et qui ne voulait pas que
l’on sache que l’homme respectable qu’il était devenu avait une sœur folle.
Dans La naissance d’une vocation, par la simplicité et la sincérité de
son écriture, Thérèse nous emmène bien loin de ce monde d’apparences souvent
protocolaires, pour nous conduire vers l’intime. Nous pénétrons avec elle dans
la maison, ou plutôt les maisons de la famille Claudel et découvrons la
naissance et l’épanouissement de celui que sa sœur Camille appelait si
tendrement « mon petit Paul ». Car c’est bien de tendresse dont il
est question. Tendresse d’un grand-père, tendresse de la gentille bonne Victoire,
tendresse d’une enfance fraternelle en province qui va forger l’homme et
l’écrivain en l’absence d’amour d’une mère froide et distante. Belle façon, madame, de nous réconcilier avec celui que nos amis japonais ont surnommé l'ambassadeur-poète.
Merci à Thérèse pour son talent
Merci à Véronique pour cette recommandation
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